Résumé :
|
[BDSP. Notice produite par ORSRA R0xcT8rt. Diffusion soumise à autorisation]. Position du problème : Différentes études quantitatives montrent que l'adhésion des prescripteurs et des utilisateurs tend à croître en France depuis les mesures législatives de 2002 en faveur de la prescription des génériques. Néanmoins, il demeure un scepticisme et une méfiance envers ces médicaments qui se focalisent sur leur efficacité comparativement aux médicaments de marque, sur leurs dangers, et sur la rupture qu'ils occasionnent dans les habitudes de prescription et de consommation. Dans une démarche compréhensive, l'article analyse les logiques sociales et culturelles qui sous-tendent les représentations négatives des médicaments génériques. Méthodes : Les matériaux sont issus d'une étude ethnographique sur le suivi de l'ordonnance de médicaments antihypertenseurs. 68 entretiens semi-directifs ont été réalisés entre avril 2002 et octobre 2004 auprès de 39 femmes et 29 hommes âgés de 40 à 95 ans, traités depuis plus d'un an pour hypertension artérielle dans le Sud-est de la France, en zone rurale. Treize personnes se sont exprimées spontanément sur les génériques. Résultats : L'analyse des discours fait apparaître diverses représentations des génériques : une contrefaçon, un médicament étranger. Ces représentations interfèrent dans les processus d'appropriation et de fidélisation au médicament. Elles s'inscrivent dans un ensemble de représentations collectives du médicament qui traduisent et construisent la réalité des consommateurs. Dans celles-ci, le médicament est un objet ambivalent, porteur à la fois d'une efficacité biologique et d'une toxicité ; il est aussi l'extension métonymique du prescripteur, conférant à la prescription une valeur symbolique. Conclusion : En resituant le générique dans son réseau de significations symboliques et sociales, l'étude souligne la cohérence du scepticisme envers les génériques des consommateurs (et des prescripteurs) avec un système de pensée populaire dans lequel le médicament est un objet du quotidien, personnalisé et compatible à l'usager, support des échanges symboliques dans la relation médecin-malade, et dans lequel la confiance dans le médicament est aussi celle accordée au système de santé en général. (R.A.).
|