Résumé :
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La littérature relative à l'évaluation des politiques publiques présente généralement le Canada comme un précurseur en la matière. Il est vrai qu'il appartient, selon Hans-Ulrich Derlien, à la seconde vague de pays dans lesquels l'évaluation s'est développée, que de nombreux débats entourent le développement de cette pratique et qu'une comparaison internationale qualifie ce pays de pionnier, car il se caractérise par des degrés élevés de maturité et d'institutionnalisation de la pratique. En s'appuyant sur ces constats positifs l'objet de la présentation est d'affiner, mais également de nuancer, ce portrait en s'attardant sur le processus d'institutionnalisation et sur l'enseignement des exercices évaluatifs réalisés dans ce pays depuis une trentaine d'années. Ce texte se structure en deux parties. La première section retrace les grandes étapes de l'histoire de l'évaluation canadienne en s'attachant à mettre en lumière les aménagements apportés aux finalités et ambitions attribuées à la pratique évaluative. La seconde partie met l'accent sur les principales caractéristiques de l'évaluation canadienne et cherche à en identifier les spécificités en comparaison avec la situation observée en Europe, et plus particulièrement en France. La confrontation au cas français est intéressant en raison des similarités entre ces pays en termes d'institutionnalisation de la pratique. En effet, les indices d'institutionnalisation et de maturité de la pratique sont également élevés dans le cas de la France et les dispositifs institutionnels érigés depuis une quinzaine d'années ont eux aussi connu de profonds réaménagements. Par contre, la finalité de l'évaluation est sensiblement différente comme nous allons le voir dans cet article.
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