Résumé :
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Dans cet article, Jean-Pierre PETER, directeur d'études Histoire et anthropologie de la médecine, retrace l'histoire de la douleur physique et notamment l'évolution de la relation de la médecine à la douleur. Il rend compte de la façon dont le savoir médical a tâché d'expliquer, de prendre en charge et de traiter ce problème de la douleur - en l'occultant très souvent, ou au contraire en le valorisant. Longtemps, la conception d'une douleur utile, voire nécessaire, a dominé dans la médecine. Signal d'alarme de la maladie, la douleur est perçue également comme une stratégie de stimulation, de défense des ressources vitales du malade. Pour les chirurgiens, la douleur qui suit la plupart des opérations chirurgicales annonce une sorte de travail ou de réaction de la part de la nature et le fait d'employer des sédatifs entrave la réussite de la guérison. L'utilisation de l'anesthésie générale se heurte également à l'idée qu'il est nécessaire pour la personne humaine de vivre les épreuves majeures de la vie en pleine connaissance lucide. Aujourd'hui, alors qu'on assiste à la mise en place d'une nouvelle médecine de la douleur, notre médecine occidentale reste marquée par ses héritages.
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