Résumé :
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Notre société est envahie de toutes parts pour des interprétations psychologisantes de la réalité sociale. Est-ce une nouvelle idéologie, un phénomène passager ou un état récurrent apparaissant à certains moments de notre histoire, et sous quelles conditions ? Les domaines concernés sont multiples et foisonnants : dans les médias évidemment qui s'en font l'écho, l'amplifient, le légitiment et le banalisent, tant dans le choix des thèmes que dans la façon de les traiter avec ou sans oreillette à la télévision, comme dans le presse, notamment féminine ; dans le travail social à l'occasion de " bilans de compétences ", pour le chômage et le RMI ; dans les institutions. On peut constater de façon connexe une désubjectivation permanente des rapports et des conflits en interne par la référence au " stress ", au harcèlement, ou le recours, à nouveau, à la caractériologie. Ce numéro traite des paradoxes créés par cette situation, dont le moindre n'est pas que ce soient des psychologues, des psychiatres, des psychosociologues, des psychanalystes qui soient amenés à désigner cette " psychologisation du social ". Le symptôme en serait l'appellation banalisée de " psy ", qui vide de sens la spécificité des pratiques des dispositifs et de leurs cadres institutionnels. Peut-on ainsi parler d'une psychologisation sans psychologues, ou encore d'une société à la fois psychologisée et désubjectivée ?
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