Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSRA R0xHonsr. Diffusion soumise à autorisation]. On tend généralement à voir dans les personnes souffrant de troubles mentaux graves de possibles auteurs plutôt que d'éventuelles victimes d'actes de violence, la maladie mentale étant associée à l'idée d'un comportement violent et dangereux. En France, les autorités compétentes tendent à insister sur la dangerosité des individus affectés de troubles mentaux plutôt qu'à concentrer leur attention sur les cas où ces personnes sont victimes de violences. En même temps, le rapport entre violence, victimation, harcèlement et discrimination reste ignoré. Cet article fait le point sur nos connaissances en ce qui concerne la violence exercée sur des personnes souffrant de troubles psychiques graves, clarifie ce que recouvre la notion de violence, et pose la question de la nécessité d'études locales et nationales. Le premier volet compare les définitions et opérationnalisations des principales variables, les échantillons, la méthodologie et les résultats des études publiées depuis 1990 sur la violence envers des adultes atteints de troubles mentaux. Le deuxième volet utilise les études qualitatives pour clarifier les problèmes conceptuels soulevés par les études quantitatives. Les taux de victimation des personnes ayant des troubles mentaux sont élevés et nettement supérieurs à ceux du reste de la population, malgré l'hétérogénéité des études en termes de populations, échantillonnage, mesures, méthodes et analyses. Certaines catégories de facteurs (cliniques, liés aux soins, contextuels), aussi bien que le fait d'avoir déjà été victime ou auteur de délit ou de crime, augmentent la probabilité de devenir ou de redevenir victime. Cependant, les designs des études et la fréquence d'antécédents de traumatisme chez les patients psychiatriques ne permettent pas de déterminer si la violence subie précède la maladie mentale ou le contraire. La relation étroite entre conditions de vie et victimation permet déjà de préciser des champs d'intervention possibles en santé publique, bien que les variations géographiques nécessitent des recherches locales et nationales plus poussées. Il faut également étudier davantage les rapports auteur-victime et les relations entre discrimination, stigmatisation et violence.
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