Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSRA 99kEFR0x. Diffusion soumise à autorisation]. Commencée en 1947, l'enquête épidémiologique dite "de Framingham" sur les maladies coronariennes dure encore aujourd'hui. Elle est habituellement considérée comme l'une des premières grandes enquêtes prospectives de cohorte et comme constituant son prototype. Pourtant, si l'on se penche sur son histoire, son protocole d'étude est bien loin de correspondre aux exigences attribuées aujourd'hui à ce type d'enquête. Comment dès lors expliquer cette renommée ? Cet article de nature épistémologique et historique propose d'apporter quelques éléments de réponse à cette question, principalement à partir de l'analyse de la méthode de l'enquête. Nous nous limitons à deux aspects devenus aujourd'hui fondamentaux pour ce protocole d'étude : la constitution de la cohorte et l'analyse des corrélations multiples. Nous montrons que, d'une part, la population d'étude et son suivi ont conduit à faire de la cohorte de Framingham une sorte de "population laboratoire". Ces données, très sollicitées pour diverses analyses, n'ont pas d'équivalent par leur durée et leur précision clinique. D'autre part, c'est à l'occasion des analyses de corrélations réalisées pour cette étude que les modèles statistiques multivariés furent introduits et adaptés à l'épidémiologie. Ces modèles ont été déterminants pour la constitution de la notion épidémiologique de "facteur de risque" et l'analyse de l'origine multifactorielle des maladies. En effet, il nous semble que la conception moderne de la multifactorialité des maladies est tributaire de l'usage de cette méthode statistique. Ainsi, au milieu du xxe siècle, l'étude de Framingham est bien une enquête fondatrice à cause de sa contribution à l'émergence du rôle nouveau de l'enquête de cohorte dans la recherche étiologique et à la constitution d'une "approche facteurs de risque" de la maladie.
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