Résumé :
|
Les sociétés ont cherché à se protéger, à s'assurer contre des vicissitudes qui jadis étaient des accidents ou des fatalités. Mais les réseaux de solidarité mis en oeuvre pour donner de plus grandes libertés, pour ouvrir de plus larges possibilités, pour permettre d'oser de plus nombreuses initiatives, ne peuvent être de simples techniques, s'ils ne représentent pas aussi des réseaux de responsabilités. Car nos interdépendances forment des chaînes beaucoup plus étendues, qui offrent un accès toujours plus large, nous connectant jusqu'à des inconnus. Dès lors, elles ont perdu leur force de signes de proximité et de solidarité. Chaînes technologiques, chaîne alimentaire, chaîne de l'approvisionnement (sur terre ou sur mer), réseaux électriques ou informatiques... : l'individu relié considère comme naturelle l'assurance de disposer des choix les plus nombreux pour consommer, s'informer, disposer des progrès des techniques et des sciences. Toutes nos activités sont les maillons d'une immense chaîne. Cette chaîne de l'efficacité est paradoxalement cause de risques accrus. Qu'un maillon fasse défaut, les conséquences se propagent comme une contagion. Toute rupture, toute panne peuvent devenir une catastrophe. Les réactions "en chaîne" - dans le nucléaire, sur la route, dans la conservation alimentaire, etc. - ne sont pas maîtrisées. Et il en est de même pour les techniques de l'information et de l'internet, des application de la génétique, et de la sphère financière.
|