Résumé :
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Après 30 années de maoïsme, la Chine vit depuis deux décennies une vague de réformes qui lui ont permis de rattraper une partie du retard accumulé par rapport aux nouveaux pays industrialisés d'Extrême-Orient. Mais les développements spectaculaires des années 1980 se sont accompagnés d'inflation et de corruption, symptômes les plus voyants des tensions institutionnelles et sociales. La décentralisation de l'allocation des ressources, la transition d'une économie rurale à une économie urbaine et la diminution progressive des tâches de redistribution assurées par l'Etat ont modifié en profondeur la répartition des revenus, en accentuant les inégalités entre les villes et les campagnes. L'omniprésence de l'Etat-parti a par ailleurs, favorisé la reconversion managériale des bureaucraties locales et centrales, transformant leur ancien pouvoir de décision en pouvoir d'appropriation des actifs publics. La corruption déjà importante dans les années 1980 atteint des dimensions considérables dans les années 1990. Au-delà du débat politique et social que suscite une telle situation, on peut se demander si l'accentuation des inégalités n'affecte pas la croissance tout court. Dans ce contexte, l'action en faveur de la réduction des inégalités et d'une meilleure répartition des revenus ne révèle pas seulement d'un objectif de justice sociale, mais de la viabilité économique, et conditionne la poursuite de l'expansion, aujourd'hui menacée par le piège des inégalités.
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