Résumé :
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Désormais on n'hésite plus à parler de surdélinquance des immigrés et de leurs enfants, et ainsi à montrer du doigt des populations déjà paupérisées, marginalisées, ghettoïsées. Contrairement à une idée reçue, le respect de la loi est plutôt l'exception. Dans ce contexte, ce que l'on nomme la "criminalisation de l'immigration" correspond à un amalgame intellectuel, qui lie mécaniquement certains délits à des groupes sociaux ou ethniques précis. Les "jeunes issus de l'immigration" constituent-ils une population criminogène ? Les données statistiques de la police ne prenant pas en compte l'origine des personnes interpelées, la réponse nécessite une interprétation sociologique. On prend l'habitude de percevoir le danger sous la tranquillité, de le dénicher même là où la paix règne. Les migrants constituent-ils une menace effective, ou jouent-ils un rôle de bouc émissaire ? L'histoire coloniale alimente l'image négative que se font les nationaux des migrants. La recherche d'un contrôle sur l'immigration illégale compatible avec les valeurs démocratiques nécessite l'intervention du judiciaire. Toutefois, dans l'interstice laissé par l'administration au jugé, le magistrat fait souvent figure de faire-valoir.
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