Résumé :
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L'auteur tente de montrer que l'arrêt brutal et continu de toute production poétique fut préjudiciable à l'équilibre psychosomatique de Rimbaud au point qu'une fois en Afrique, et du fait d'une dépression "blanche", le risque de somatisation grave ne pouvait qu'advenir. L'étude de sa poésie, de ses tropes et néologismes, révèle que celle-ci joua moins comme procédé de sublimation des conflits et de la vie pulsionnelle que comme une activité "autocalmante", comme la marche ou le "sensationnisme" qui visaient à décharger les excitations pulsionnelles. Des néo-logismes linguistiques au "néo" cancéreux il y eut assurément une forme de refus de la "sexion" de la langue comme de la vie cellulaire qui doit s'intégrer dans des ensembles fonctionnels organiques. Le cancer répond-il à la question : "pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" Sans ancrage, esseulée, la cellule cancéreuse, asexuée, se retrouve en effet comme le Bateau Ivre, migrante et soumise aux aléas méta-statiques puisque les cellules cancéreuses, comme la Psyché de Rimbaud en Abyssinie, ne se trouvent plus ancrées à la matrice extra-cellulaire. La "nostalgie de l'échange plein" hante sa poésie et son cancer.
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