Résumé :
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Risques attribuables, mortalité évitable au sens retenu par le Haut comité de la santé publique, ou mortalité prématurée, sont des mesures de l'impact sur la santé publique de pratiques collectives ou de comportements individuels. Le besoin d'en estimer l'ampleur revient régulièrement à l'ordre du jour, par exemple pour établir des priorités en matière de politique de santé, pour discuter des choix industriels, pour définir des programmes de réhabilitation de sites pollués. Mais la question de la confiance à accorder à ces estimations est posée, tout aussi régulièrement, et de façon parfois polémique. Or les réponses que l'on peut y apporter aujourd'hui ne satisfont pas. C'est en particulier le cas de l'analyse statistique de l'incertitude, qui même si elle était améliorée et généralisée, resterait intrinsèquement limitée car elle part du postulat que les modélisations appliquées sont valides. Ce texte a pour ambition de fournir des éléments d'interprétation et d'analyse critique : est-il possible d'additionner ces estimations ? Comment sont-elles construites ? Comment juger de leur plausibilité ? Comment les utiliser ? Après un recensement des principales données disponibles sur les décès attribuables à différents facteurs de risque, deux constats sont faits : il n'est généralement pas possible d'additionner ces chiffres ; les estimations sont réalisées selon des processus extrêmement diversifiés. Les conditions dans lesquelles il est légitime de sommer tous ces impacts sont discutées. Deux questions sont ensuite traitées. On examine quels sont les recours pour caractériser l'incertitude dans ces processus, plus spécialement dans le cas des opérations dont ne rendent pas compte les outils statistiques classiques. On propose une démarche systématique pour mieux caractériser la confiance à accorder à des estimations complexes faisant intervenir de nombreuses inférences.
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