Résumé :
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L'éthique et notamment la bioéthique ont-elles encore un sens aujourd'hui ? Alors que l'hémisphère Nord accumule recommandations et réflexions "éthiques", le Sud peine à garantir les soins les plus élémentaires à ses populations. La greffe d'un visage qui fait la une de tous nos quotidiens a-t-elle plus d'importance que la rougeole qui tue chaque années des milliers d'enfants africains. Dans ce monde d'égoïsme sauvage, où l'"éthique" est souvent réduite à une simple étiquette marketing, le médecine, piégée par sa technique instrumentale, prétend rendre aux malades leur dignité, oubliant que le "consentement éclairé" qu'elle prône n'est souvent qu'une façon d'éluder ses propres responsabilités. Et que dire du "principe de précaution" brandi par les praticiens comme art de la prudence alors que, dans le discours médical, les mots "dignité" ou "solidarité" se vident chaque jour davantage de leur substance ? Pourtant l'"éthique" est un concept fondateur ; il ne se réduit pas à un slogan. C'est cette dimension que cet essai veut lui restituer ; celle non d'une "vérité" assénée et contingente, mais d'une inquiétude nécessaire et sans fin.
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