Résumé :
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La médecine a plus changé pendant les trente dernières années que pendant les trente siècles précédents. Les méningites,les septicémies ne tuent plus. L'anémie pernicieuse n'est plus pernicieuse. Les hématologistes sauvent les nouveau-nés en changeant tout leur sang, les chirurgiens sauvent les enfants bleus en réparant leur coeur. Le cancer lui-même peut être guéri dans plus d'un tiers des cas,bientôt dans la moitié des cas et l'on commence d'entrevoir les méthodes qui permettront de le prévenir. L'étude du sang renouvelle l'anthropologie. De merveilleuses machines, les greffes viennent suppléer ou remplacer les organes malades. La médecine, si longtemps empirique et balbutiante, devient une science fondée sur les règles précises qui permettent d'apprécier avec une rigoureuse équité les méthodes thérapeutiques les plus variées (homéopathie, acupuncture, eaux thermales). re, eaux thermales). Elle coûte cher. Comment mettre en balance un sac d'or ou de billets et la vie d'un enfant ? C'est pourtant une question neuve et fondamentale, déjà poignante, bientôt dramatique si les progrès des procédés moins coûteux de prévention n'en facilitent pas la solution. Cette médecine neuve change tout, la forme même de la mort, les survivances, la personne humaine ou tout au moins la définition de cette personne.Elle renouvelle ainsi les concepts les plus traditionnels de la morale et de la religion. Elle est elle-même tout à la fois tentatrice, tentante, tentée. Elle tente les financiers. ... Elle doit, équilibrant ces tensions contradictoires, maintenir son unité et son objet qui est de concerner l'homme, un homme. (R.A.)
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