Résumé :
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Le rapport de la Cour des comptes de février 2002 sur la gestion du risque accidents de travail et maladies professionnelles interpelle sur les lacunes et défaillances du système de santé au travail et appelle à l'instauration d'un débat critique et élargi sur les causes véritables des dysfonctionnements. Cet article écrit par un ergonome européen se veut une contribution au débat. Dans un premier temps, l'auteur met l'accent sur une question souvent oubliée ou sous-estimée : quels besoins de santé au travail ? En effet, il est important de partir des besoins réels de santé des populations au travail mais aussi des populations sorties ou exclues du travail (chômeurs, inactifs) et de dépasser la logique prégnante du compromis santé-efficacité. Des coopérations entre professionnels de la santé pourraient notamment conduire à développer de nouvelles grilles d'analyses et indicateurs qui prendraient en compte les besoins réels de santé. Ces modèles pourraient contribuer à la définition d'un cadre de travail et d'expression qui permettrait aux différents acteurs de la prévention de repenser leur rôle et leurs missions moins en termes de réglementations à appliquer qu'en termes d'explicitation des choix, des limites et des enjeux de toute mesure sensée produire de la protection ou de la prévention. L'organisation du travail constitue également un enjeu important dans la construction-déconstruction de la santé et devrait constituer un objet de négociation au même titre que les conditions d'emploi ou de salaire. La prise en compte des salariés comme des acteurs à part entière et le renforcement du rôle et des missions des CHSCT sont également des points indispensables à la refonte du système de santé au travail.
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