Résumé :
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En 1973, lors de son discours de clôture d'une semaine consacrée à la santé publique devant les étudiants de l'ENSP, le Pr. Robert Debré faisait son bilan de la réforme à l'origine des CHU, qui porte très heureusement son nom. Il disait sa satisfaction d'avoir regroupé la clinique et la biologie, les soins et la recherche : "La vraie révolution a consisté à créer, au milieu de ces hôpitaux, l'élément biologique sans lequel l'élément clinique est aveugle, et d'ajouter à ces renseignements biologiques, l'élément très important, le stimulus fondamental pour l'intelligence, la recherche". Mais surtout, avec la lucidité et l'humilité des grands, il disait son grand regret d'avoir manqué pour l'hôpital universitaire et l'hôpital en général le virage de la santé publique : "C'est une philosophie entière, c'est une pensée globale qui doit inspirer ce changement." Pressentant les nouvelles relations potentielles avec les usagers, il exprimait sa vision de l'avenir : "L'hôpital de demain doit être le centre de la santé, avec une pénétration beaucoup plus importante de sujets qui ne sont pas hospitalisés que de sujets hospitalisés. Mieux encore, dans l'urbanisme de demain, il doit y avoir un quartier de santé, comme il y a un quartier des affaires (
). Donc l'hôpital, centre de santé, compris dans le sens nouveau que nous exprimons centre de santé publique, et non pas centre de santé troublée". L'expression visionnaire de ce jeune révolutionnaire de 93 ans est manifestement restée confinée et son constat d'insuffisance est encore totalement actuel.
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