Résumé :
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On parle de plus en plus de l'aide à domicile et des services de proximite. En France, le débat public sur cette question est occulté par la thématique des "gisements d'emploi". Cette insistance sur les "gisements d'emploi" est d'autant paradoxale que la France n'est pas en retard, comparativement à ses principaux partenaires économiques, en matière de créations d'emplois dans ce domaine. Ce paradoxe s'éclaire dès lors que l'on met en évidence les évolutions qui, sous couvert de politique de l'emploi, ont profondément bouleversé le paysage institutionnel dans le sens d'une marchandisation accrue de ces services consacrant l'avènement d'un véritable "marché providence". La thématique des "gisements d'emploi" occulte les choix de société. S'agit-il, face à la crise de l'Etat-providence, d'y substituer le "marché providence" en étendant le règne du marché et en favorisant le développement d'une offre lucrative ? Ne pourrait-on, au contraire, promouvoir d'autres formes de régulation garantissant l'équité et la cohésion sociale ? C'est à travers une analyse des spécificités de l'offre non lucrative et du rôle de la régulation publique, en faisant appel à une approche socio-économique, qu'il est possible d'éclairer ces choix. L'approche comparative entre la France, la Grande Bretagne, les Etats-Unis et la Norvège permet également de relativiser le modèle français et de placer la question du rôle du secteur non lucratif au coeur même du contrat social.
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