Résumé :
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Le droit protège la vie humaine et admet difficilement qu'une personne puisse lui préférer la mort. Il restreint un ultime espace de liberté. Expression d'une revendication sociale, l'émergence des pratiques euthanasiques n'en malmène pas moins les principes juridiques traditionnels. Mais elle invite aussi le juriste à douter de la permanence de ces principes. La doctrine est d'ailleurs généralement embarrassée. A côté du droit à la vie, elle s'interroge en effet sur l'existence d'un éventuel droit à la mort, tout en contestant aussitôt cette hypothèse pour ce qu'elle recèle d'implications menaçantes. L'euthanasie, avance-t-on prudemment, est illégale. Elle semble donc condamnée à demeurer en dehors du vocabulaire juridique. Il n'en est pas de même du "droit au refus de soins" ou "de la prise en charge de la douleur", qui ne suscitent évidemment pas la même réprobation. Toutefois, de telles notions, lorsqu'elles traduisent une volonté de "mieux-mourir", ne se confondent-elles pas avec l'euthanasie ? Aussi, pour tenter d'y voir plus clair, faut-il rechercher précisément la signification de ce dernier concept. L'enjeu est de taille, car c'est l'équilibre d'un système tout entier orienté vers la protection de la vie que met en cause le développement des pratiques euthanasiques.
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