Résumé :
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Un processus de "chalandisation" dénature-t-il le secteur social en sapant ses fondamentaux et en préparant sournoisement la privatisation des services, comme le soutient (entre autres) le sociologue Michel Chauvière ? Autrement dit, les services sociaux sont-ils gagnés par le business ? Les compétences sociales se convertissent-elles peu à peu au marché ? Le travail social peut-il se traduire en chiffre d'affaires, en plus value et en clientélisme ? Innovation ou perversion ? Bousculant l'éthique en vigueur, deux exemples dévoilent ici une pratique qui paraît de prime abord contrevenir aux valeurs intrinsèques du travail social, car dégageant de la rentabilité tout en "faisant" du social et de l'éducatif. Or, ces deux expériences se distinguent par leur réactivité, leur souplesse, leur prise de risque, leur non formatage. La qualité de leurs projets et de leurs prestations semble reconnue, et voilà bien ce qui peut interroger, perturber, faire réfléchir. En effet, l'existence même de ces intervenants sociaux travaillant en libéral s'ancre sur certaines lacunes du système existant, en termes de lourdeurs administratives, de manque de souplesse, d'engorgement. En outre, refusant de "mettre un doigt dans l'engrenage des services sociaux" certaines personnes préfèrent consulter un "auto-entrepreneur" du social. Alors ? Dangereuse brèche palliative à un secteur dont les moyens sont insuffisants, ou bien réel appoint qualitatif ?
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