2023/09/01 - [Publication] Avancées de la recherche en économie de la santé à l’occasion des 43es journées des économistes de la santé français (JESF)
Revue économique 2023/3 (Vol. 74)
- Croyances, préférences face au risque et au temps et comportements de prévention contre le COVID-19 des séniors en FranceCet article analyse le rôle des préférences liées au risque et au temps, la confiance envers les autres et les opinions politiques dans l’adoption de comportements de prévention contre le COVID-19 en France. Nous utilisons les données au niveau individuel de la partie française de plusieurs vagues de l’Enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe (SHARE), qui enquête des Européens âgés de 50 ans et plus, appariées aux données de l’enquête SHARE-Corona à l’été 2020, et aux informations sur les préférences et croyances collectées en 2019 à l’aide d’un questionnaire spécifique à la France. Nos résultats suggèrent que la patience et l’aversion au risque prédisent fortement les comportements de prévention contre le COVID-19. Les individus patients sont plus susceptibles de s’abstenir de rendre visite à leur famille, de porter un masque et de garder leurs distances en dehors de chez eux. L’aversion au risque augmente la probabilité de ne pas se réunir avec plus de cinq personnes extérieures au ménage et de ne plus rendre visite aux membres de la famille. Avoir un plus haut niveau de confiance envers les autres atténue au contraire le respect des recommandations sur les rassemblements de plus de cinq personnes et les réunions familiales, les individus faisant confiance aux autres percevant sans doute un moindre risque d’être infecté par des amis ou de la famille. Les opinions politiques extrêmes sont également associées à un moindre respect des recommandations sur les rassemblements de plus de cinq personnes. Ces résultats suggèrent de prendre en compte l’hétérogénéité des préférences et des croyances individuelles pour la définition des politiques et recommandations de prévention, notamment contre le COVID-19.
Cet article cherche à comprendre les différences départementales de prévalences de la perte d’autonomie : sont-elles sociales, liées à l’accessibilité financière ou géographique de l’offre médico-sociale, à des mobilités territoriales ou à d’autres facteurs territoriaux ? Les données de deux enquêtes : Vie quotidienne et santé (VQS) 2014 et EHPA 2015, sont assemblées pour modéliser la perte d’autonomie grâce à une analyse multiniveau. Elles sont complétées de données contextuelles caractérisant les départements. Nous trouvons que les différences territoriales sont surtout le reflet de différences sociales et de longévité mais qu’elles résultent aussi de la prise en charge.
Les inégalités de santé liées aux conditions dans l’enfance, aussi appelées inégalités des chances en santé, sont-elles similaires pour les hommes et les femmes ? À partir de données européennes et de modèles de forme réduite, nous mesurons et décomposons les inégalités de santé séparément pour les femmes et les hommes. Nous observons que la moitié de l’inégalité totale de santé relève d’inégalités des chances. Les inégalités de santé sont d’autant plus marquées que le pays connaît des inégalités de genre importantes. Les inégalités de santé sont plus importantes parmi les femmes. Nous montrons une transmission intergénérationnelle genrée de la santé : la santé des filles est principalement associée à la santé des mères et celle des fils à celle des pères. De plus, l’éducation de la mère est exclusivement associée à la santé des filles tandis que l’éducation du père est associée à celle des fils.
Source : Cairn - Revue économique 2023/3 (Vol. 74)