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2021/06/23 - Axel Kahn - La chronique apaisée de la fin d'un itinéraire de vie
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Vivre, mourir... La Grande Librairie invite Axel Kahn
Source ActuaLITTE, publié le 2021/06/22
À suivre ce mercredi 23 juin, à 20h50, sur France 5.
« Le rideau de ce blog est maintenant tiré » : le dernier message d’Axel Kahn, atteint d’un cancer
Source Ouest France, publié le 2021/06/17
Il n'a jamais voulu cacher son état de santé. Le 21 mai dernier, Axel Kahn, encore récemment président de la Ligue contre le cancer, dévoilait sans fard son état de santé. "Je vais mourir, bientôt", écrivait-il sur Facebook. "La mort m’est habituelle depuis si longtemps, elle ne m’obsède pas. Il n’empêche, j’ai depuis longtemps la curiosité de ce que sera mon attitude devant la mort." Depuis, le généticien, frappé par un cancer incurable, n'hésite pas à partager régulièrement sa fin de vie sur les réseaux sociaux.
Le bout du chemin (21 mai) L’attitude face à la mort lorsqu’elle n’est pas d’actualité est très diverse selon les êtres. La plupart des gens jeunes en exorcise jusqu’à l’idée, ce qui constitue une mesure d’auto protection efficace. Cette insouciance de la mort est à peine entamée par les deuils des anciens, rangés dans une autre catégorie que les vivants.Certains à l’inverse vivent dans la terreur de la camarde qui jette son ombre sur leur vie entière. Les métiers de la mort (pompes funèbres, fossoyeurs, notaires…) la banalisent et s’en dissocient en général. De même les soignants et médecins. Je suis dans ce cas, la mort m’est habituelle depuis si longtemps, elle ne m’obsède pas.Il n’empêche, j’ai depuis longtemps la curiosité de ce que sera mon attitude devant la mort. Il y a ce que l’on désir qu’elle soit et ce qu’elle est. Des croyants sincères qui ne doutent pas du royaume de Dieu sont submergés par la terreur lorsqu’elle s’annonce, Bernanos l’illustre dans le dialogue des carmélites. Tel n’est pas mon cas. Je vais mourir, bientôt. Tout traitement à visée curative, ou même frénatrice, est désormais sans objet. Reste à raisonnablement atténuer les douleurs. Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, je ne ressens aucune anxiété. Ni espoir – je ne fais toujours pas l’hypothèse du bon Dieu -, ni angoisse. Un certain soulagement plutôt.Selon moi, limiter la vie au désir de ne pas mourir est absurde. J’ai par exemple souvent écris que lorsque je ne marcherai plus, je serai mort. Il y aura un petit décalage puisque je ne marche plus, mais il sera bref. Alors, des pensées belles m’assaillent, celles de mes amours, de mes enfants, des miens, de mes amis, des fleurs et des levers de soleil cristallins. Alors, épuisé, je suis bien. Il a fallu pour cela que je réussisse à « faire mon devoir », à assurer le coup, à dédramatiser ma disparition. À La Ligue, j’ai le sentiment d’avoir fait au mieux. Mon travail de transmission m’a beaucoup occupé, aussi. Je ne pouvais faire plus. Je suis passé de la présidence d’un bureau national de La ligue le mardi matin à la salle d’opération l’après-midi. Presque idéal. Alors, souriant et apaisé, je vous dis au revoir, amis.
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"Jusqu’en avril, je planifiais les années civiles ; puis les saisons. Ce furent bientôt plutôt les semaines. Ce ne sont plus désormais que les aubes naissantes que je verrai, émerveillé, bleuir. Cela en vaut pourtant toujours la peine." 29 mai
"La question à ne pas poser à une personne qui fait ses derniers pas est « comment ça va ce matin ? », « Ça va bien ? » La seule qui vaille est « vis-tu bien ? Que faire pour que tu vives mieux ? » Hors le fait religieux, rien ne sert d’apprendre à mourir. À vivre, si." 30 mai
"Il n’est de culture que de la vie. La culture de la mort n’en ai qu’une pathologie dépressive. On ne prépare jamais que la vie, on y renonce en préparant la mort qui n’en a nul besoin. Cela vaut si on doit vivre 50 ans, 50 semaines ou 50 heures. Vive la vie. "30 mai
"Tous les matins du monde. Lorsqu’il adviendra que l’un me restera obscure, rien ne sera perdu de ces myriades d’étoiles allumées chaque nuit puis pâlissant sans lendemain pour moi seul. Elles prépareront des aubes bleuissantes pour ceux que j’aime, de principe ou de de cœur."1 juin
"Je m’adresse à vous, sœurs et frères qui craignez le cancer. Vous pouvez l’éviter (40% des cas), en assurer la guérison par un diagnostic précoce, l’ espérer quand même grâce aux progrès. Et sinon, enchanter la vie qu’il reste à vivre. C’est possible et intense, j’en témoigne." 2 juin