2021/08/23 - Science ouverte et Covid-19 : Une opportunité pour démocratiser le savoir ?
Elle a même conquis certains éditeurs tels que les géants de l’édition Elsevier ou Springer qui transforment leurs modèles économiques et font désormais payer aux auteurs des frais de publication en libre accès. En France et pour l’année 2017, ces frais s’élevaient en moyenne – tous types d’éditeurs confondus – à 1754 euros par article.
D’autres modèles économiques sont possibles cependant, depuis le dépôt des articles sur des répertoires numériques jusqu’au financement public de l’édition en Open Access (par exemple, toujours en France, OpenEdition). La science ouverte, surtout quand elle n’est pas mise au service des éditeurs et de leurs profits, permet de démocratiser les savoirs, de surmonter les inégalités dans l’accès à la connaissance, en particulier dans les pays et les institutions les plus pauvres, tout en accroissant l’utilisation des preuves scientifiques en soutien à la prise de décision politique.
Depuis janvier 2020, le paysage de l’édition scientifique s’est transformé de façon accélérée, s’éloignant toujours plus du modèle traditionnel de l’accès restreint et conditionnel à la connaissance.
Un auteur peut aujourd’hui déposer sur un serveur informatique un manuscrit complet avant même que des pairs ne procèdent à son examen et avant la publication dans une revue à comité de lecture. Cette « prépublication » (preprint) permet aux auteurs de revendiquer une idée, de prendre date et d’accélérer la diffusion gratuite de leur travail. Elle peut être modifiée ou mise à jour, commentée par des spécialistes et conservée sur le serveur de prépublication même si elle est publiée ultérieurement dans une revue. Les prépublications peuvent être citées et indexées et font l’objet d’une attention croissante dans les médias d’information et les réseaux sociaux. La tendance à prépublier doit toutefois s’accompagner d’une grande vigilance quant à l’intégrité scientifique et la reproductibilité des résultats, sans quoi la crédibilité du processus serait remise en cause. Il est essentiel également que la presse généraliste, les décideurs politiques et le public comprennent le statut fragile et temporaire des informations contenues dans ces prépublications qui demeurent en attente d’une consolidation, voire d’une confirmation.
La pionnière des plates-formes de prépublication est arXiv, née en 1991 et couramment utilisée depuis près de 30 ans par les physiciens et les mathématiciens. Plus récentes, medRxiv et bioRxiv, Research Square ou preprints.org ont vu leurs dépôts d’articles augmenter de façon très spectaculaire durant la pandémie de Covid-19.
La qualité et la fiabilité d’un article scientifique, publié dans une revue ou en prépublication, reposent en outre sur la qualité et l’accessibilité des données qui le sous-tendent et qui doivent être vérifiables.
Il faut donc encourager les scientifiques à gérer leurs données avec autant d’attention qu’ils publient leurs articles : en assurer la qualité scientifique – souvent trop faible actuellement –, les déposer dans des répertoires numériques certifiés et interopérables, selon les standards de leur discipline.