Résumé :
|
L'accompagnement au long cours de la maladie mentale est de plus en plus assuré par les travailleurs sociaux qui peuvent se retrouver en grande difficulté, confrontés à la réalité et au polymorphisme de la souffrance psychique auxquels ils n'ont été ni formés ni préparés. Pourtant ils ont su développer des savoirs-faire innovants dans ce domaine. Dans le même temps, le plan Psychiatrie et Santé Mentale et de nouvelles lois, dont celles du 4 mars 2002 et du 11 février 2005 entraînent une évolution des modes de pensée grâce à des changements éthiques, juridiques et sociaux profonds : la reconnaissance du handicap psychique, l'émergence du respect de la parole des usagers et l'écoute attentive des familles. Avec ces avancées, le patient est enfin reconnu comme un citoyen à part entière, notamment grâce à la création des Groupes d'entraide mutuelle qui représentent une véritable révolution dans le champ de la santé mentale. Hélas, dans ce contexte pourtant favorable, le regard sur les maladies mentales reste ambigu et contradictoire. La souffrance psychique est encore trop souvent assimilée à la folie, à la dangerosité, et les patients en situation de handicap psychique sont encore victimes de représentations négatives, renforcées par des évènements dramatiques fortement médiatisés. Ainsi, tous les professionnels, les patients et les familles doivent gérer ce paradoxe : d'un côté, on proclame de façon formelle les droits des usagers ; de l'autre, au quotidien, trop de personnes sont victimes des conditions difficiles d'exercice de la psychiatrie et de l'insuffisance des moyens réels d'accueil dans la cité, qui les renvoie vers la rue ou la prison, tandis que celles dont le comportement exprime une souffrance sociale sont dirigées vers la psychiatrie. La question de la liberté des usagers doit interroger ces situations paradoxales.
|