Résumé :
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À partir de l’analyse du philosophe Alexandre Monnin sur le « non-soin » en médecine aux États-Unis, cet article propose une lecture critique des évolutions ces vingt dernières années de la psychiatrie publique française. Il met en évidence une transformation insidieuse du soin : désinvestissement des institutions, tri implicite des patients, injonction à l’autonomie, montée des plateformes expertes et pilotage algorithmique. Ces dynamiques tendent à redéfinir le soin comme un processus conditionnel, fragmenté, centré sur l’évaluation et la conformité à des normes prédictives, plutôt que sur une relation clinique durable. Sans qu’il soit possible de parler d’un basculement explicite vers le non-soin, l’enchevêtrement progressif de ces logiques soulève des interrogations sérieuses quant à l’avenir des principes éthiques, cliniques et institutionnels qui ont modelé la psychiatrie publique française depuis la deuxième moitié du vingtième siècle.
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