Résumé :
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Si toute la population a été affectée par la pandémie de Covid-19, les plus âgés ont fait l’objet d’un traitement particulier pendant cette période, a fortiori ceux pris en charge en Ehpad où les contraintes et limitations ont été profondes. Par une approche narrative et mémorielle, à partir des récits formulés par ces derniers, l’article interroge l’idée selon laquelle les souvenirs de cette période s’inscriraient d’emblée dans les mémoires, dans les parcours, voire dans les conceptions que les individus ont d’eux-mêmes. Il s’agit d’interroger, a posteriori, les traces laissées par l’événement, ses (re)formulations, les processus d’effacement et d’oubli, les modalités d’articulation entre passé, présent et avenir. Les récits de confinement apparaissent dès lors comme des récits de soi. Reprenant le fil de ces narrations, l’article analyse les perturbations générées par la crise dans le rapport au temps, à l’espace, aux autres et à soi, en relevant comment l’événement a pu participer à l’émergence de questions et de revendications identitaires au grand-âge. Il présente alors les stratégies narratives déployées pour y répondre : pour rétablir de la continuité au-delà de la crise, pour assurer une cohérence entre Soi performé et Soi revendiqué, et ainsi affirmer une identité d’actif, voire de jeune, que la pandémie ne saurait avoir contestée.
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