Résumé :
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Cet article examine la souffrance psychique au travail en lien avec la question du sexuel et de l’assignation de genre, à la lumière de la psychanalyse et de la psychodynamique du travail. Il montre que l’investissement subjectif des sujets dans le travail n’est pas neutre du point de vue de la construction de l’identité sexuelle en raison de l’incidence des nouvelles formes d’organisations du travail qui, combinées à des attentes normatives, renforcent des comportements dits « virils » ou « mulières » au travail. Du fait de la division sexuelle du travail, les femmes sont principalement poussées à adopter des stratégies de « muliérité » pour protéger le travail de care et éviter d’être perçues comme « non féminines », tandis que les hommes mobilisent des défenses viriles, un mécanisme de déni de la vulnérabilité qui permet de soutenir la répression des affects et le clivage fonctionnel au service de la rationalité instrumentale. Ainsi, lorsque le travail ne permet plus la sublimation, il participe à saper les bases du travail psychique lui-même, tel que Freud en avait posé les fondements en introduisant le concept de bisexualité psychique, le jeu complexe des identifications permettant l’ouverture des sujets vers le masculin et le féminin.
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