Résumé :
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Cet article présente les résultats d’une enquête qualitative sur les pratiques professionnelles en addictologie, qui vise à caractériser le travail émotionnel réalisé par les intervenants de ce secteur. À partir d’observations ethnographiques et d’entretiens approfondis conduits auprès de quatre équipes, les autrices montrent que, contrairement aux univers de la santé et du social classiquement décrits par la sociologie, le travail émotionnel en addictologie n’est ni invisibilisé, ni renvoyé aux femmes ou assigné au « sale boulot ». Quel que soit leur statut, les intervenants livrent et travaillent leurs émotions collectivement, de façon libre et soutenue par l’institution. L’omniprésence de ce travail est alimentée par l’intensité des interactions avec les usagers, l’incertitude de l’activité au quotidien mais aussi par l’injonction professionnelle à s’impliquer à titre personnel aussi bien auprès des usagers que des collègues. Ce travail émotionnel présente toutefois des limites comme l’épuisement des professionnels, le rejet de certains usagers et l’occultation des émotions liées aux rapports de pouvoir au sein des équipes.
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