Résumé :
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Le paysage des drogues en 2023 a été marqué par plusieurs phénomènes concomitants qui permettent de poser le constat que La Réunion, animée par des dynamiques à la fois similaires à celles de l'Hexagone et propres à sa région, n'est plus un territoire préservé et isolé des tendances extérieures. La cocaïne, encore confidentielle en 2020 et jugée par les usagers de mauvaise qualité (peu d'effets, effets indésirables récurrents), s'est diffusée auprès d'une plus grande frange de la population, notamment auprès des milieux plus populaires. Jusqu'alors, les consommations se limitaient en effet aux milieux plus aisés. Les réseaux de revente se structurent et se développent. Deux modalités d'approvisionnement coexistent sur le territoire réunionnais : la livraison postale et le recours aux mules, ce dernier prenant de l'ampleur. Les Douanes corroborent une très forte augmentation de cocaïne saisie depuis 2022 et surtout en 2023. De plus, les modalités d'approvisionnement se modernisent et sont comparables à celles de l'Hexagone : commandes par Internet, vente via les réseaux sociaux, livraison à domicile, offres promotionnelles et services proposés qui empruntent aux codes du marchandising traditionnel. Les observations menées dans les espaces urbains montrent une diversité de profils d'usagers de drogues marginalisés. Elles viennent ainsi compléter les données sur les différentes facettes de la polyconsommation recueillies en 2022. Les rapports aux produits et leurs représentations divergent selon les âges mais aussi les intentionnalités d'usage. Si les substances plus récemment disponibles (cathinones de synthèse, cocaïne) attirent des personnes en recherche de plaisir, d'expériences et d'effets nouveaux, elles peuvent repousser une part des consommateurs qui les considèrent comme dangereuses pour soi et pour la société et restent attachés aux produits qu'ils consomment habituellement (alcool, zamal et Artane®, le plus souvent). [Extrait]
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