Résumé :
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La nutrition clinique en réanimation consiste à administrer des nutriments, par voie orale, entérale ou parentérale, aux patients incapables de s'alimenter ou dont les apports sont insuffisants. La détermination de la quantité optimale d'apports énergétiques et protidiques, notamment durant la phase aiguë, fait l'objet de débats en raison des effets néfastes liés tant à la sous-nutrition qu'à la surnutrition. L'adaptation de ces cibles chez les patients dénutris ou à risque nutritionnel, à l'admission en réanimation, soulève une question supplémentaire. L'objectif principal de cette thèse était de caractériser les pratiques de nutrition clinique en réanimation, d'en évaluer les associations avec le pronostic des patients, et, enfin, d'explorer des méthodes de suivi et d'évaluation de l'intervention nutritionnelle. Dans la première étude, nous avons décrit les pratiques cliniques nutritionnelles en réanimation et examiné l'association entre la nutrition précoce, administrée dans les premières 48 heures du séjour, et la mortalité à 28 jours. Cette étude a été menée à partir des données de la cohorte prospective observationnelle multicentrique FRANS, qui incluait 1206 patients hospitalisés dans 26 services de réanimation. Nous avons observé qu'une nutrition précoce était plus fréquemment administrée en présence de défaillances d'organe multiples et moins fréquemment chez les patients en surpoids ou obèses. De plus, une surmortalité était retrouvée chez les patients recevant une nutrition précoce, particulièrement par voie entérale, probablement due à des apports précoces trop importants à ce stade, surpassant les capacités d'assimilation de l'organisme agressé. Dans la deuxième étude, nous avons étudié les performances de la préalbumine pour apprécier l'efficacité de l'intervention nutritionnelle, au sein d'une cohorte monocentrique de 3136 patients de réanimation (2009 - 2016). Nous avons observé que le suivi dynamique hebdomadaire de la préalbumine au cours de l'hospitalisation en réanimation constituait un reflet valide des apports énergétiques et pourrait ainsi contribuer à guider la prescription nutritionnelle, notamment chez les patients à risque nutritionnel. Au travers de ces deux travaux, nous avons pu apporter des données nouvelles, concernant les modalités d'introduction et de suivi de la nutrition clinique en réanimation, et étudier les associations avec le pronostic clinique des patients. Nos résultats plaident en faveur d'une individualisation des apports énergétiques et protidiques afin d'optimiser leurs bénéfices, en particulier parmi les patients de réanimation les plus vulnérables.
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