Résumé :
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La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est un traitement constitué de molécules antirétrovirales utilisées en prévention afin d’éviter une contamination par le VIH. Autorisée en France depuis 2016 après un essai thérapeutique qui en a établi l’efficacité à la demande chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH), elle est encore aujourd’hui plébiscitée par cette population. Bien que possible, le recours à ce traitement par les femmes fortement exposées au VIH reste minoritaire. Cet écart entre les populations traduit une construction genrée et sexuelle des faits scientifiques mais renvoie plus généralement à la manière dont s’est historiquement structuré le champ du VIH/sida. Ainsi, loin de n’être qu’un produit de santé, la PrEP est un objet éminemment social dépendant des contextes sociaux et des constructions corporelles à partir desquels elle est promue. À partir d’une ethnographie multisituée et comparative entre l’Hexagone et la Guyane française, cet article souhaite, d’une part, analyser comment la PrEP s’inscrit au cœur des échanges sociaux et intimes pour, d’autre part, montrer comment les logiques d’engagement en faveur de ce type de prévention ainsi que ses modalités d’inscription dans les existences ordinaires traduisent une inégalité des corps dans l’espace social, à l’instar de ce qu’on observe dans l’espace de la recherche scientifique.
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