Résumé :
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Le modèle français de prise en charge des patients repose, historiquement, sur une fragmentation voire une sectorisation des fonctions. Chaque acteur de ce système a un rôle défini et des attributions propres à son métier, le tout découlant de sa formation. Il en résulte une distinction juridique marquée entre les professions médicales et les professions paramédicales. Cet ensemble diversifié de professionnels entre dans la catégorie des professions de santé telle que présentée dans la quatrième partie du Code de la santé publique (CSP). Au demeurant, la distinction opérée par le législateur, fruit d'une longue tradition, pose le principe d'une compétence, exclusive, du médecin en matière de diagnostic et de traitement des maladies : les autres acteurs intervenant a posteriori en fonction de la volonté du médecin. Le trait le plus saillant de ce modèle est probablement celui du monopole médical qui révèle tout à la fois le manque de porosité des missions et le sentiment d'une subordination entraînant, in fine, de faibles possibilités de transfert de compétences. Ainsi s'est instaurée une sorte de modèle pyramidal et hiérarchisé dans lequel les médecins occupent une place privilégiée et, forcément, quand le nombre de médecins ne correspond plus à la demande, il y a une tension qui ne peut pas, juridiquement, être compensée par les autres professionnels de santé. (…) Ce schéma organisationnel, qui est pendant longtemps demeuré inaltérable et inébranlable, fait depuis plusieurs années l'objet de critiques et remises en cause. Il serait même le premier coupable des tensions pesant sur l'offre de soin. Ce changement de paradigme s'explique par de nombreuses raisons qui dépendent autant de facteurs systémiques que d'éléments conjoncturels. Il repose essentiellement sur le constat global d'une inadéquation de notre modèle traditionnel, les attentes des patients et l'évolution des pratiques de prise en charge. Dans ce contexte de défiance, ou tout au moins de remise en cause de l'existant, la thématique des compétences en tension occupe une place importante. Pouvant être obscure, cette terminologie matérialise - en ce qui nous concerne - le décalage qui peut exister entre une offre de soins insuffisante et des besoins croissants des patients. (Extrait de l'introduction)
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