Résumé :
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Le Québec est récemment devenu l’épicentre de l’aide médicale à mourir (AMM) dans le monde, enregistrant une hausse sans précédent du nombre de décès par AMM. L'objectif de cet article est d'entamer une discussion critique sur l’évolution de l’AMM au Québec, en s’appuyant sur l’expérience canadienne et internationale pour dégager quelques pistes explicatives propres au cas particulier du Québec. Dans un premier temps, nous reviendrons sur le cas de la Californie qui a légalisé le suicide assisté en même temps que le Canada mais qui n’a pas connu une hausse aussi importante. Ensuite, nous commenterons quelques aspects particuliers du système d’AMM canadien qui peuvent expliquer la hausse fulgurante de la pratique au Canada et au Québec en comparaison avec des régimes plus libéraux comme en Belgique et aux Pays Bas. Parmi les explications, nous aborderons la méconnaissance de la souffrance dans le contexte du handicap, devenue le critère ultime pour établir l’admissibilité des personnes handicapées. Nous observons également que le débat sur l’AMM a été déformé par une rhétorique de droit constitutionnel, et par la conception de l’AMM comme un soin parmi tant d’autres, au point d’être priorisée plutôt que traitée comme un véritable dernier recours, en contraste avec d’autres juridictions. Finalement, nous évoquons la façon consensuelle dont se produisent certains débats qui ne favorisent pas l’expression d’opinions dissidentes, contribuant à camoufler certains risques de dérives bien réels.
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