Résumé :
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Après une décennie passée comme professeur des écoles, une situation plus extrême que les autres, celle de mon élève autiste Paul m’a poussée à me questionner sur cette revendication chatoyante de l’Éducation nationale – cette philosophie, ce référentiel, cette révolution ! – qui s’imposa en 2005 : l’inclusion scolaire. L’inclusion est portée par les courants de recherche anglo-saxons et reprise par les grandes instances internationales, en réaction au modèle de l’intégration et de l’éducation spéciale. De nombreux chercheurs dénonçaient les temps de ségrégation de l’éducation spéciale, vus comme peu efficients, voire handicapants. Ils ont alors prôné la fusion entre classe ordinaire et classe spécialisée. Ils revendiquent l’inclusion comme la voie du progrès, bannissant l’éducation spéciale, associée à une discrimination néfaste. L’inclusion signe une ambition éducative et sociétale apparemment généreuse, faite d’ouverture d’esprit et de tolérance, qui, au-delà de sa haute valeur morale, aurait aussi la vertu de son efficacité : véritable panacée, elle serait une révolution porteuse en elle-même de toutes les solutions. Dans les faits, au cours de ces dix ans d’enseignement, l’accueil d’élèves en situation de handicap est devenu habituel. À chaque rentrée, au moins un enfant « à besoin particulier » est présent en classe. Au fil des ans, le nombre augmente, à la grande satisfaction de l’Éducation nationale. Or, la réalité est abrupte. Car, si l’accueil d’élèves en situation de handicap est habituel, les conditions sont rarement idéales, le plus souvent indignes…
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