Résumé :
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L’audience en matière de soins sous contrainte est à nulle autre pareille, carrefour de discours qui se croisent et qui ne se rencontrent pas toujours. Un discours médical précis et rigoureux, mais désincarné par sa production sous forme exclusivement écrite(…). Un discours juridique ensuite, avec une précision et une rigueur d’égale intensité, caractérisé cette fois-ci par une double présence : celle de l’avocat et celle du juge. Professionnels du droit, ils se comprennent à demi-mot et possèdent une culture partagée, dont les échanges ont naturellement tendance à se transformer en jargon pour l’oreille non avertie. Un discours du patient-justiciable enfin, plus tout à fait patient le temps de cette audience, pas complètement justiciable tant il a du mal à trouver sa place entre ces deux formes opposées de discours, clair-obscur psychiatrique d’un côté, conversation juridique absconse de l’autre. (…) D’où cette sensation curieuse d’une mise en présence ni tout à fait juridique ni tout à fait médicale, dans laquelle le patient ne perçoit que difficilement les raisons de sa présence et s’attend à être jugé personnellement, comme s’il était responsable de se trouver en ces lieux, par un juge dont le nom se termine malencontreusement par le mot « détention » (Extrait de l’Ouverture de M. Grimbert). La loi du 5 juillet 2011 est née d’une volonté politique visant à renforcer la sécurité et l’ordre public. En cours de discussion devant le Parlement, elle a fait l’objet de profondes modifications qui ont conduit à confier le contrôle des décisions administratives individuelles d’hospitalisation au juge judiciaire, sans en avoir mesuré toutes les répercussions. Adoptée en urgence, la loi a fait basculer la psychiatrie dans une nouvelle dimension juridique. Véritable électrochoc, la réforme législative ne cesse de provoquer des réactions en chaîne de l’ensemble des acteurs concernés par les nouvelles procédures. (Résumé d’E. Péchillon)
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