Résumé :
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Les sciences sont prospectives par les hypothèses et théories, et rétrospectives par l’analyse des faits, l’expérimentation pouvant faire le lien entre les deux. En épidémiologie, l’expérimentation se caractérise par sa longue temporalité et par la difficulté du réductionnisme, car les facteurs sont souvent trop nombreux. Cette épidémie a vu la science perdre du crédit avec des publications hâtives, sans intérêt, voire grotesques, alors que la génétique et le passé immunitaire des populations sont encore trop négligés. Mais c’est l’épidémiologie qui a été la plus bafouée en voulant compenser sa lenteur intrinsèque par des modélisations fantaisistes, notamment des modélisations uchroniques du style : « Que ce serait-il passé si l’on n’avait pas fait ce que l’on a fait » ou « que ce serait-il passé si l’on avait fait ce que l’on n’a pas fait ». Laissons de telles uchronies aux ténors des partis politiques d’opposition, mais ne les intégrons jamais dans la science. Même la revue Nature s’est laissé tenter en août 2020 par deux publications [9, 10] qui paraissent ridicules aujourd’hui ; fort heureusement cette prestigieuse revue a fait préciser aux auteurs que les méthodes et résultats étaient contestables. Euphémisme sauvant l’honneur de la science. L’épidémiologie est la plus complexe des sciences biomédicales, elle ne se fait pas au journal de 20 heures. Il faut être conscient de ses limites, mais il faut aussi savoir lire ses évidences avant de prendre de nouvelles mesures trop drastiques. Nous pouvons enfin encourager les épidémiologistes et leurs institutions à faire un pas de côté pour aborder plus franchement l’étude des dégâts sociaux et sanitaires collatéraux de cette nouvelle épidémie.
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