Résumé :
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Cette crise sanitaire a été l’opportunité pour les soignants de se réapproprier l’organisation du travail face aux gestionnaires, de faire à nouveau l’expérience de la coopération, de retrouver le sens du métier. C’est en partie vrai, mais en partie seulement. Paradoxalement, c’est tout l’inverse qui s’est passé en unités de soins palliatifs, ces services hospitaliers spécialisés dans l’accueil de personnes qui, à échéances diverses, sont arrivées à la fin de leur vie. Ce mouvement de soin, assez méconnu du grand public, représente dans notre société la pointe avancée d’une culture professionnelle de l’accompagnement. Leur éthique se structure autour de principes comme l’interdisciplinarité, le soulagement de la douleur, l’apaisement de la souffrance et le soin apporté aux proches des patients. Or, les mesures d’hygiène et de sécurité ont conduit les unités de soins palliatifs à restreindre les visites des proches et à cliver les collectifs de travail entre ceux qui étaient jugés indispensables à la gestion de crise et les autres. En séparant les patients de leurs proches et en fragilisant l’interdisciplinarité, les soins palliatifs ont, plus que tout autre discipline de soin, renié ce qui les anime.
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