Résumé :
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En France comme ailleurs, les autorités de santé sont aujourd’hui confrontées à une défiance inédite des populations à l’égard de la vaccination. Pour appréhender ce phénomène, les chercheurs et les experts de santé publique ont encore largement recours à l’approche traditionnelle du Public Understanding of Science (pus). Cette approche défend un modèle déficitaire qui souligne les lacunes des profanes, qui seraient insuffisamment éduqués ; elle souligne aussi les multiples biais cognitifs qui affecteraient leurs perceptions ; enfin, elle diagnostique la montée d’un mouvement anti-science. Cet article dresse un état des lieux des connaissances relatives aux attitudes vis-à-vis des vaccins disponibles en France, en saisissant ce cas pour mettre la pus à l’épreuve. Il montre que la limite principale de cette approche réside dans son incapacité à intégrer la dimension sociale et culturelle de la cognition. Il esquisse, enfin, un modèle alternatif au pus qui place en son cœur la dimension culturelle de toute cognition et permet d’articuler les attitudes des individus avec l’émergence des controverses et les structures sociales.
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