Résumé :
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Avec Greta Thunberg, c’est une jeunesse citoyenne qui s’impose et qui enterre l’adolescence post-moderne. L’insistance sur son diagnostic d’Asperger témoigne en partie de l’ambivalence de la réponse des adultes : une médicalisation qui pourrait discréditer sa parole et sa génération. Et pour cause, son discours les rend coupables : « Comment rendrez-vous compte à vos petits-enfants que vous n’avez rien fait alors que vous saviez ? » Elle les pousse à se mobiliser dans l’action ou bien à se replier dans le dénigrement – un choix politique. Greta a rendu visible une mobilisation citoyenne de la jeunesse qui avait discrètement démarré depuis quelques années. C’est toute une génération qui incarne rapidement le passage d’une perception nouvelle du monde à la réalisation de soi par l’action au sein de ce monde. Greta est le visage inédit d’une jeunesse qui doit trouver sa contenance en elle-même, qui manque de temps et qui renvoie les chefs d’États à leurs failles et à leur destructivité, comme des adultes feraient la morale à des adolescents au lendemain d’une soirée qui a mal tourné. Elle est le visage d’une jeunesse qui ne peut se permettre de rester en adolescence.
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