Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSRA A8lR0xr8. Diffusion soumise à autorisation]. Position du problème : Le contexte d'incarcération et l'appartenance socioculturelle des détenus ont une réelle influence sur leur psychopathologie. Les caractéristiques locales du système judiciaire et de santé publique se surajoutent à cette complexité. Les données de la littérature donnent des descriptions très variables des profils de détenus dans le monde. À ce jour, il n'y a que très peu de données publiées sur la santé mentale des détenus dans les Antilles. La Martinique est un département d'outremer situé dans les Antilles et peuplé par environ 400 000 habitants. Sa seule prison est située sur la commune de Ducos. Cette étude est une description, à l'aide d'outils épidémiologiques, de la santé mentale de la population carcérale martiniquaise. Elle vise également à mettre en avant leurs spécificités par rapport aux détenus métropolitains. Méthodes : L'étude originale est une enquête transversale multicentrique conduite dans 18 prisons françaises. Pour cette étude, les détenus ont été tirés au sort selon un sondage stratifié à deux niveaux : tirage au sort des établissements, puis tirage au sort de détenus dans chaque établissement. Dans notre étude, deux groupes ont été comparés : les détenus sélectionnés à la prison de Ducos (n=100) ont été comparés à ceux sélectionnés en France métropolitaine (n=698). Les diagnostics psychiatriques actuels ont été déterminés grâce à une méthodologie rigoureuse, basée sur des entretiens cliniques libres et semi-dirigés. Nous avons effectué une régression logistique multiple pour chaque trouble mental évalué. Le consentement oral et écrit de chaque détenu a été recueilli pour participer à notre étude. Résultats : Au niveau sociodémographique, il apparaît que le groupe martiniquais avait significativement plus d'enfants et un niveau d'éducation moindre. Les détenus de la prison de Ducos avaient plus d'antécédents d'expériences difficiles dans leur enfance et leur durée d'incarcération était plus longue que dans le groupe métropolitain. Les épisodes dépressifs majeurs (OR ajusté=0,51 ; IC 95% : 0,26-0,95) et les troubles psychotiques (OR ajusté=0,24 ; IC 95% : 0,08-0,57) étaient significativement moins fréquents dans le groupe martiniquais. Les données concernant les troubles liés à l'usage d'une substance ont montré des différences significatives en analyse bivariée mais pas en multivariée. Conclusion : Même si les conditions de détention à Ducos sont très rudes, que les prisonniers rapportent des histoires familiales difficiles et que leur consommation de cannabis semble constituer un problème majeur, il apparaît qu'ils présentent moins de troubles mentaux que les détenus en France métropolitaine. Cela peut être dû à une proximité plus grande de leur famille et à une communauté plus unie, ce qui pourrait contribuer à une prévalence plus faible des pathologies mentales.
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