Résumé :
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La notion de traumatisme est passée, si l’on peut dire, dans le domaine public depuis que chacun a pu être confronté de près ou de loin à des situations catastrophiques, rendues plus proches par la diffusion médiatique, mais aussi par la fréquence d’attentats ou encore de catastrophes climatiques. Mais l’éventail des terminologies –traumas, traumatismes, psychotraumatismes- est très représentatif de l’évolution dans l’abord clinique des traitements psychiques. Ces changements s’inscrivent dans la mouvance actuelle des diagnostics et de l’élargissement de la notion de trouble, fortement influencée par les nomenclatures successives (DSM CIM…), ainsi que par un certain effacement des théories plus anciennes au profit d’une clinique plus contemporaine. Les différentes périodes du développement du concept de trauma dans la théorie freudienne et dans une autre orientation princeps, celle de Sándor Ferenczi, se sont actualisées dans la période 1914-1918. Reprises et développées par les psychiatres après la guerre du Vietnam, ceux-ci ont mis en évidence un syndrome post-traumatique (ptsd). L’apport des spécialistes français sera décisif, notamment dans la distinction importante entre la notion de stress et celle de trauma, mais aussi entre l’événement et ses répercussions immédiates et ses effets à plus long terme... Ces interventions contemporaines autour du trauma révèlent la reconnaissance de la parole et de son importance, et, du coup, le primat du sujet sur l’événement et ses effets immédiats. Mais, au-delà des effets cathartiques recherchés, il s’agit surtout de voir comment le discours du sujet se noue face aux multiples traumatismes originaires qui le constituent. L’enjeu est d’ouvrir à la parole face au non-sens auquel se confrontent les victimes directes ou les personnes qui en sont témoins. Cela est d’autant plus vrai dans les traumatismes liés aux attentats, puisqu’il s’agit là de désintégrer l’autre, au sens propre comme au sens figuré, de le mettre hors de tout discours possible... L’autre regard porté par le clinicien qui accompagne les personnes à la rencontre de ce qui fait trauma tient nécessairement compte de cette ouverture à la parole et de l’inscription du sujet face au "non-sens" pour entrevoir des possibilités de restauration psychique.
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