Résumé :
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L’objectif de l’article est d’examiner un "style" de conception des troubles mentaux qui émerge actuellement dans la recherche scientifique internationale en santé mentale et les conséquences envisageables de ces évolutions sur leurs prises en charge. On peut le résumer en disant qu’il ne s’intéresse plus seulement à l’individu construit par les théories de son fonctionnement, les généralisations statistiques, ou les images de sa biochimie cérébrale, mais à la complexité de la personne en situation. Il peut être typifié par trois mots - Singularisations, contextualisations, interconnexions - et être rattaché à trois (r)évolutions épistémologiques (les facteurs communs et le modèle contextuel; le développement d’alternatives crédibles au DSM et à sa logique de causes latentes; une meilleure prise en considération des situations et du real world functionning) et une (r)évolution technologique (les objets connectés), qui toutes évoluent d’une centration exclusive sur des entités closes sur elles-mêmes (la maladie, l’intervention thérapeutique, l’individu, le colloque singulier, la juxtaposition de relations binaires, les actions ponctuelles...) pour aller vers une ouverture de ces entités à des connections multiples (les réseaux de causalités, les nexus, la personne articulée à sa situation et à son contexte, l’articulation cohérente de relations multiples, l’ubiquité et la permanence de l’action...). Pour que ces évolutions soient l’occasion d’un enrichissement et d’une humanisation accrue des relations thérapeutiques, et non l’occasion d’un appauvrissement technico-statistique, il est essentiel que les cliniciens s’emparent de ces questions, et contribuent à développer et faire développer ces technologies dans des directions compatibles avec l’éthique du soin psychologique, et qui contribuent même à l’enrichir. (R. A.)
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