Résumé :
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L’approche théorico-clinique de la schizophrénie s’est profondément modifiée ces cinquante dernières années. Une pluralité de facteurs scientifiques, thérapeutiques et sociétaux ont permis de renouveler nos modèles de compréhension du trouble et d’accompagnement des personnes, parallèlement à la modification du statut des patients. Alors que la théorie de la dégénérescence a longtemps contribué à figer le « schizophrène » dans un destin irrémédiablement sombre, les politiques de désinstitutionnalisation, puis de réhabilitation psychosociale, ont orienté une conception moins déterministe du trouble et des soins centrés sur l’interface entre le patient et son environnement. Les concepts de rétablissement (recovery), d’empowerment et d’inclusion sociale, émergeant en France, bousculent à nouveau nos modes d’appréhension de la schizophrénie, en plaçant les ressources, le savoir expérientiel et la citoyenneté des usagers au cœur de nos préoccupations thérapeutiques et éthiques. Ces nouvelles orientations questionnent en profondeur nos pratiques de soins, en même temps qu’elles renouvellent nos interrogations sur le statut épistémique de la "schizophrénie". (R. A.)
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