Résumé :
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La sollicitation des savoirs issus de l’expérience, sur fond de promotion de la participation des «bénéficiaires», peut prendre des formes variées : groupes d’entraide, intégration de pair-aidants au sein de services d’aide et d’accompagnement, participation à des actions de sensibilisation, mobilisation au sein de collectifs de défense des droits, etc. Le rôle des pairs est particulièrement mobilisé et valorisé dans les secteurs de la santé mentale et de la lutte contre la pauvreté, où une professionnalisation des experts du vécu est déjà en cours. Mais cette tendance se dessine peu à peu aussi dans divers autres domaines tels que le handicap, la parentalité, la jeunesse. Le rôle d’expert du vécu n’est cependant pas dénué de risques, en particulier lorsqu’il s’agit d’accompagner directement des publics fragilisés. Se replonger dans des difficultés qu’on a personnellement connues peut être éprouvant émotionnellement. De même, trouver la juste distance par rapport à des personnes avec qui on partage un vécu n’est pas non plus toujours aisé. Par ailleurs, au niveau des professionnels, si certains adhèrent et se sentent à l’aise à l’idée d’intégrer des experts du vécu dans leur équipe, d’autres doutent, font preuve de résistances car cela implique un changement de regard, voire de paradigme, mais aussi de renoncer à une part de pouvoir et d’accepter de redéfinir les frontières qui séparent traditionnellement le savoir «expert» et le savoir «profane». Ce dossier présente diverses expériences et questionnements autour de celles-ci, menées en Belgique, en France et au Québec.
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