Résumé :
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En septembre 2007, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) adresse une note d’alerte sanitaire à ses trois ministres de tutelle. Suite à la mise en évidence de concentrations anormalement élevées de pesticides dans l’air intérieur d’une école en Bourgogne, l’agence recommande la fermeture des classes contaminées et la mise en place de mesures correctives. Les autorités politiques locales et nationales, ainsi que l’Institut de veille sanitaire (InVS) sont informés de cette alerte. Pour cet institut et les acteurs locaux en santé-environnement, les risques sanitaires ne sont pas avérés. Néanmoins, au regard du risque politique et par principe de précaution, les autorités décident de fermer l’ensemble du groupe scolaire. Avant d’effectuer les travaux de réhabilitation nécessaires, l’InVS et l’AFSSET sont chargés de réaliser une évaluation des risques sanitaires (ERS). Pour ce faire, les deux agences construisent un dispositif d’évaluation et de gestion des risques impliquant des représentants des populations exposées (parents d’élèves, enseignants, personnels non-enseignants). Cet article décrit et analyse la mise en place de ce dispositif original, et plus particulièrement l’implication des populations concernées au sein du groupe chargé de l’expertise. Cette implication n’est pas surprenante au regard de l’expérience des agences sanitaires et de la dynamique d’ouverture de l’expertise à la société. Dans cette affaire, la contribution des représentants des usagers à l’ERS a permis de réduire les incertitudes sur les expositions. Elle a surtout facilité l’appropriation de la démarche et des résultats de l’ERS par les populations. Toutefois, la trajectoire de l’alerte sanitaire a pesé sur les modalités de gestion et d’expertise de cette contamination. De fait, si des enseignements peuvent être tirés du dispositif impliquant les populations, les spécificités du dossier ne permettent pas d’en faire un cas d’école.
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