Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSRA 9pJ9JR0x. Diffusion soumise à autorisation]. L'objet de cet article est de décortiquer le processus de privatisation du secteur des EHPAD. L'analyse s'appuie sur une série d'entretiens réalisée auprès d'acteurs clés du domaine et sur l'étude d'un corpus de rapports d'institutions publiques et privées. Nous montrons que la privatisation du secteur est encouragée par les pouvoirs publics au travers de plusieurs dispositifs. D'abord, dès 1997, les régulateurs du champ construisent un rapport de concurrence entre les différents types d'établissements du secteur (public, économie sociale, privé lucratif) en abrogeant la relation privilégiée qu'ils entretenaient avec les acteurs traditionnels non lucratifs, et en ouvrant les financements publics aux établissements privés lucratifs. Les autorités de tarification imposent aussi, au travers des instruments de financement, une médicalisation des établissements menant à une standardisation de leurs activités. Ces normes favorisent le développement des groupes lucratifs tout en affaiblissant les acteurs traditionnels de l'économie sociale et du public, moins armés face aux nouvelles réglementations et ainsi affaiblis financièrement. Nous observons aussi une concentration économique des groupes d'EHPAD résultant d'incitations publiques et de leur mise en concurrence face à un faible nombre de nouvelles places autorisées. La concentration ouvre enfin la voie à une financiarisation progressive des établissements qu'ils soient privés lucratifs ou de l'économie sociale. La privatisation du secteur s'opère donc par le biais de la croissance du privé lucratif face à un tarissement de l'économie sociale et du public, par l'incorporation des normes du privé par les gestionnaires du champ et, par la privatisation des financements des établissements.
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