Résumé :
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En France, les inégalités sociales de santé non seulement demeurent, mais sont plus importantes que dans d'autres pays d'Europe occidentale. Un ouvrier sur quatre et une ouvrière sur dix meurent avant 65 ans contre respectivement un cadre sur huit et une cadre sur quinze. De même, les inégalités de mortalité par cancer sont particulièrement importantes entre classes populaires et classes supérieures. Comment l'expliquer? Depuis les années 1990, le débat public a été centré, du moins en France, sur le recours aux soins comme élément central d'analyse et d'explication des inégalités devant la maladie et la mort. Certes, les inégalités de ressources ont un poids déterminant dans l'inégal recours aux soins mais elles n'expliquent pas tout. Il existe notamment des indices concordants qui attestent que l'offre et la qualité des soins -c'est à dire la manière dont s'organisent le système de soins et les professions de santé- jouent également un rôle dans le maintien, voire l'accroissement des inégalités de santé. Ainsi, à nombre de consultations égal, on est plus ou moins bien soigné selon sa classe sociale et son origine nationale : les malades d'un cancer sont moins bien informés sur leur maladie par leur médecin quand ils sont pauvres tandis que les catégories les plus favorisées bénéficient d'une prise en charge médicale plus approfondie et spécialisée au moment de l'apparition d'une douleur thoracique, premier signe d'un infarctus. C'est à la compréhension de cet enjeu-là des politiques de santé, rarement mis en débat, que ce dossier s'attelle à travers différentes contributions.
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