Résumé :
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[BDSP. Notice produite par APHPDOC 78soBR0x. Diffusion soumise à autorisation]. La sensibilité hospitalière proscrit d'une certaine manière le sensible. La professionnalité requise des soignants appelle une image de dextérité et de maîtrise, reconnaissable sur un visage que l'on veut infaillible et impassible. En ce sens, on se demandera dans quelle mesure la clinique peut avoir une valeur sensible ? Faut-il en effet rejeter ou accepter d'être traversé par des sensations ou des émotions ? Quel apport du sensible face à la technicité et la précision de l'imagerie médicale ? La dimension haptique du soin envisage la réciprocité du toucher et prend en compte les déterminants tacites de la relation : ce qui entoure, où et comment s'inscrit le regard clinique. Au travers de cette perspective sera interrogée l'illusion d'insensibilité. Dépasser et anticiper le dégoût impliquent une certaine posture professionnelle, pas de ne pas être touché. Il s'agit ici de se laisser toucher pour être au plus près de la vérité du patient, dans une finalité professionnelle et non personnelle. Toucher se présente comme une valeur nécessaire au soignant, garante d'une humanité revendiquée, comme l'illustre par exemple le perpétuel débat sur le port des gants durant la toilette, qui entretient entre autre le clivage technique/relationnel. L'asymétrie du toucher s'inscrit dans une évolution de l'identité professionnelle. Peut-être faut-il voir en cette composante sensible un mécanisme de contrôle assurant la dextérité et la justesse du soin, tout comme les technologies prévoient des vérifications préventives. Le sensible est ce mouvement intérieur qui veille à ce que le quotidien ne sombre pas dans la banalité.
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