Résumé :
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Pierre MINAIRE, directeur du département de réadaptation médicale à l'hôpital Bellevue de Saint-Étienne, souligne l'urgente nécessité de parvenir à une conception moderne de l'incapacité et du handicap. Dans cette conception, qui a l'intérêt d'être opérationnelle puisqu'elle permet de définir les indicateurs tant dans le domaine sanitaire qu'économique, le handicap au-delà des classifications, existe en "situations". L'incapacité et le handicap restent deux termes vagues, mais pourtant appropriés par les systèmes administratifs ou charitables chargés de gérer, collecter, distribuer les fonds destinés aux individus temporairement ou en permanence diminués par rapport à la "normale". Si l'incapacité a une nette connotation juridique et administrative, le handicap a plutôt une consonance sociale. Les adjectifs et substantifs qui en dérivent : "incapable" et "handicapé", ont quant à eux une étiquette nettement péjorative et dévalorisante. Pourtant, dans la vie administrative et sociale de la plupart des pays développés, ces divers vocables impliquent des appareils législatifs importants, des budgets conséquents, des administrations spécialisées, mais toujours une insatisfaction quant aux services rendus par les divers systèmes mis sur pied. Il faut dire que l'on se trouve dans ce domaine au confluent du "médical" et du "social" : en France comme ailleurs, des administrations différentes, des personnels de formations diverses, des budgets d'origine variable prennent en charge le même individu réputé "handicapé", tant il est vrai que dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, ces deux fleuves mélangent très mal leurs eaux. Il n'y a pas en effet de langage commun et peu d'actions convergentes. Cela tient à plusieurs raisons, la principale étant à notre sens un problème de définition. Une mise au point sur l'incapacité et le handicap comprendra l'analyse de ces concepts tels qu'ils sont perçus et tels qu'ils devraient être compris pour être utilisables en tant qu'indicateurs dans un domaine où l'outil épidémiologique fait défaut. (RA)
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