Résumé :
|
A partir du matériel apporté par des patients déficients sensoriels (aveugles ou sourds, enfants et adultes) en psychothérapie, l'auteur s'est intéressé à l'utilisation de l'espace physique (moteur, tactile, visuel, sonore) dans le transfert et dans la constitution de l'espace psychique. A travers la psychothérapie de Tom, un enfant aveugle, et en référence à Winnicott, l'auteur montre comment cet espace, au départ inabordable, devient une "partie de la réalité partagée", d'abord plutôt temps de souffrance, puis espace transitionnel, "utilisé" de manière créative et ludique. Cette transformation passe par l'intégration de l'agressivité suscitée par la traversée ou l'occupation de cet espace, toute discontinuité y étant vécue comme une rupture abrupte des liens. Elle va de pair avec l'élaboration des séparations et l'augmentation de la capacité à se différencier de l'objet. L'auteur émet alors l'hypothèse selon laquelle se différencier de l'objet serait peut-être plus difficile quand on est déficient sensoriel. L'absence de lien visuel ou vocal accentuerait la sensibilité à la séparation et la tendance à la persistance des identifications adhésives (Bick, 1986 [6]). Un bref compte-rendu de la littérature spécifique à ce sujet chez les aveugles est proposé. Ces identifications adhésives pathologiques peuvent se revivre dans le transfert, où elles se manifestent par la nécessité d'un contact vocal, tactile ou visuel, impérieux et continu. Supportées par le thérapeute, elles peuvent être dépassées et faciliter un plein accès à un monde tridimensionnel. (RA)
|