Résumé :
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La rééducation du blessé médullaire a pour but principal la réadaptation fonctionnelle dont fait partie, à l'évidence, la fonction sexuelle. mais cette évidence n'est pas toujours claire ni sereine. Pour les soignants, que leur pratique quotidienne auprès du patient place dans une intimité à ciel ouvert, cette évidence les confronte sans ménagement à leur sexualité personnelle, à leur équilibre affectif et à leurs mécanismes de projection. Dans la famille, où les mécanismes d'identification s'ajoutent à la souffrance, cette intimité angoissante du corps meurtri et dénudé réveille de manière particulièrement ambiguë une problématique de la relation, de la bonne distance et de l'inceste, qui paraissait depuis longtemps résolue. Quant au partenaire du patient, indépendamment des questions qui se poseront un jour des capacités motrices et sexuelles restantes, l'image statique et peu valorisante du handicapé ne conserve pas facilement un attrait érotique en rapport avec ce qu'il pouvait être auparavant. Comment faire de l'écoute non pas un moyen de prescrire quelque recette, mais l'acte fondateur d'une relation de confiance à maintenir dans son cadre de respect et de dignité, autrement dit dans ce que toute relation thérapeutique devrait s'attacher à reconstruire en priorité ? Faudra-t-il un jour reconnaître simplement que toute atteinte lésionnelle de la moelle peut déterminer un syndrome de déficit sensitivo-moteur et sexuel ?
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