Résumé :
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La prise en charge en milieu institutionnel est-elle plus stigmatisante que la prise en charge en milieu ouvert pour des enfants en difficulté ? La recherche présentée ici a consister à comparer les itinéraires de formation et d'insertion professionnelle d'une population de près de 200 jeunes de 16 à 18 ans pris en charge en Gironde dans 22 établissements ou services de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) : maisons d'enfants à caractère social, foyers d'adolescents, services d'action éducative en milieu ouvert (AEMO), services de réadaptation sociale. Les données permettent d'opposer les itinéraires suivis par les jeunes suivant deux axes : un axe de plus ou moins grande spécificité des trajectoires (ASE/milieu ordinaire) ; un axe de plus ou moins grande accession à une qualification. Elles montrent comment les différents types de filières de prise en charge se répartissent dans cet espace à deux dimensions : le "tout interne" répond ici à une logique d'offre qualifiante, avec des itinéraires homogènes souvent plus favorables que n'aurait permis le milieu d'origine ; dans les autres établissements, les inégalités de départ sont d'autant plus atténuées que l'équipe est "mobilisée" ; en AEMO, les mécanismes égalitaires jouent pleinement, aboutissant, pour les plus défavorisés socialement ou scolairement, sur des itinéraires de "galère" ; la réadaptation sociale, à la fois "spécifique" et non qualifiante, débouche sur des impasses pour un certain nombre de jeunes mais constitue aussi une voie d'insertion "protégée" pour les plus démunis. Par ailleurs, plus la structure de prise en charge serait performante, plus le milieu naturel semblerait mis à distance.
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